Version imprimable


Volontaires pour la microfinance

ICV au Symposium International
Photo © Ivo Naepflin
Photo © Ivo Naepflin
Irene Amodei, Erika Troutman, David Fisk; French translation by Margaret Flez; Spanish translation by Audrey Tenedos
20 octobre 2008

Le Forum Mondial de la Microfinance a organisé son premier Symposium International les 1er et 2 octobre 2008 au BIT de Genève.  Le thème: "La Construction des Marchés Financiers Equitables pour Tous".

ICVolontaires a été fortement impliqué dans l'intendance de cet événement, tant pour l'inscription des participants, que pour la surveillance des salles, la coordination des stands, ou encore la prise de photos et la rédaction des rapports. Une équipe de 16 rapporteurs a assisté à toutes les séances afin de produire des écrits détaillés qui serviront de base à une revue regroupant toutes les discussions de cette conférence.

Parmi les conférenciers invités au Symposium figurait le Prix Nobel de la Paix, Muhammad Yunus, fondateur et président de la Banque Grameen, la célèbre institution de micro-finance qui a pour but d'assurer aux pauvres un environnement leur permettant de changer le cours de leur vie en brisant le cycle de pauvreté.

Nous publions ci-après le rapport écrit par Erika Troutman et David Fisk, et revu par Sarah Webborn, Comment les Innovations de la Banque Grameen mènent au développement des Marchés de la Microfinance.

L'image utilisée  par Muhammad Yunus pour expliquer aux gens la nécessité de la microfinance fut celle d'un film d'épouvante.  Il racontait que s'il avait été un cinéaste hollywoodien il aurait créé une histoire d'horreur ayant pour thème une panne totale et subite du système bancaire: plus de comptes en banque, plus de cartes de crédit, plus rien.  Tout serait gelé.  Il cherchait ainsi à faire comprendre au reste du monde ce qu'est exactement la situation des gens dans la pauvreté, et que c'est un cauchemar récurrent tous les jours.

La situation semble aujourd'hui un peu plus positive, grâce aux succès de la Banque Grameen qui ont encouragé la création d'autres institutions sur des modèles similaires. Selon les propres statistiques de M. Yunus, la Banque Grameen compte 7,5 million d'emprunteurs, dont 97% sont des femmes présentant des taux de remboursement extrêmement élevés (98%); des femmes qui, sans rien avoir fait de mal, n'ont pourtant jamais pu s'approcher de ce que M. Yunus appelle "l'océan d'argent".  Ces femmes à leur tour utilisent les fonds pour améliorer le niveau de vie de leur famille et leur communauté, par le biais de dépenses de santé, de logement et d'éducation. Il devient évident aux yeux du monde que la microfinance peut être un outil pour élever les pauvres au-dessus de la pauvreté.

Les clients "s'élèvent" en effet, une des idées prédominantes de la Banque Grameen étant le développement durable par l'autonomie. Ceci signifie qu'au fur et à mesure que les pauvres montent l'échelle économique et remboursent leurs fonds, ces remboursements deviendront la base des fonds des clients suivants. A long terme, l'autonomie sera renforcée considérablement dans ce sens que ces mêmes personnes vont gagner assez d'argent pour commencer à déposer de petites économies à la banque.  Une des caractéristiques les plus marquantes de la Banque Grameen est que les clients forment la base de l'actionnariat, autrement dit les actionnaires majoritaires sont essentiellement les clientes pauvres. "Tous les êtres humains possèdent le même potentiel", déclare M. Yunus, "nous aidons les pauvres  à dégager leur propre énergie et créativité".

La Banque Grameen continue à évoluer avec ses clients, proposant une gamme de services plus large au fur et à mesure que les besoins s'en font sentir.  Un programme de contrats avec des mendiants a été développé afin de motiver ces derniers à gérer de petites ventes dans le cadre de leur vie de tous les jours. Selon M. Yunus, "ils ont ainsi le choix entre la vente ou la charité". Les statistiques de ce programme indiquent un franc succès avec plus de 100.000 mendiants participant, parmi lesquels 11.000 ont cessé de mendier. Dans la gestion de toute crise financière  il faut être ouvert à toute nouvelle idée ou forme de croissance, ainsi qu'à tout nouveau développement. La question que M. Yunus pose est "si nous avions fait don de cet argent, quel changement y aurait-il eu?".

Il n'y a pas que les services bancaires qui évoluent et qui s'étendent, la clientèle aussi. M. Yunus raconte l'histoire d'une mère illettrée, cliente et actionnaire de la Banque Grameen.  Elle a suivie les "Seize Décisions" de la banque, ce qui lui a permis d'envoyer ses enfants à l'école.  Sa fille a bien réussi et est devenue médecin.  Selon M. Yunus, "on ne peut pas s'empêcher de penser que la mère aussi aurait pu devenir médecin, sauf que personne ne lui a jamais donné sa chance".  Un nouveau domaine d'activité pour lequel la Banque Grameen cherche des collaborateurs est celui de la santé en tant que Social Business.  "Social Business" est un terme qui revient encore et encore chez Grameen, car il s'agit d'un point clé de sa philosophie qui/quoi/où/pourquoi/quand/comment de la micro-finance. Travailler pour réduire la pauvreté doit rester l'objectif principal, jamais le profit.  Il est permis de faire des bénéfices avec la microfinance, mais pour que le commerce garde sa crédibilité et préserve le développement durable de ses clients, ce commerce doit toujours rester ce que M. Yunus appelle "un commerce motivé par une bonne cause".


©1997-2024 ICVolunteers|conception + programmation mcart group|Mis à jour: 2019-01-28 10:52 GMT|